15 – Représenter les territoires de la mobilité
Co-porteur.e.s : Marie-Christine FOURNY (PACTE), Paule-Annick DAVOINE (LIG), Sonia CHARDONNEL (PACTE), Marie HUYGHE (CITERES) & Laurent CAILLY (CITERES)
Dans un contexte de métamorphoses de notre « condition mobilitaire », les modalités par lesquelles le monde scientifique se représente les formes territoriales de la mobilité spatiale, ou plus généralement les inter-relations entre territoire et mobilité, évoluent très lentement. Certaines représentations héritées (navettes, bassins de vie) sont tenaces quand d’autres formalisations émergentes tentent de rendre compte de situations que l’on peine encore à cerner. On voit la production de métaphores (archipel, grappes, polder), des tentatives de conceptualisations (habiter-mobile, territorialité-mobile, système socio-mobile) (Lajarge & Fourny, à paraître), qui soulignent – par leur diversité – la nécessité de dépasser les figures imagées pour aller vers des représentations conceptuelles plus abouties portées par une exigence de réflexion théorique. De nombreux travaux inscrits dans le champ des migrations, des transports, des mobilités d’agréments ou encore des mobilités quotidiennes augurent aujourd’hui de ce rendez-vous en mettant notamment au premier plan l’expérience et le vécu du déplacement par les usagers comme principe organisateur des territoires de la mobilité (Frétigny, 2013 ; Lanéelle, 2005).
Ces représentations scientifiques ne peuvent être saisies indépendamment d’outils permettant des visualisations qui les nourrissent (Adrienko et al., 2008). Ainsi, l’appréhension du rapport mobilité/territoire apparaît largement lié aux possibilités ouvertes par les technologies numériques. Le smartphone a ainsi fait de la mobilité un temps et un espace connectés, et non pas « extra-territorial » (Adoue, 2016). Du point de vue de la visualisation, les suivis GPS, entre autres, permettent de rendre compte, pour les chercheurs comme pour les usagers, de l’inscription territoriale des déplacements (Zook et al., 2015 ; Feildel, 2014). De nouvelles formes de représentation apparaissent ainsi, contribuant à l’appréhension d’une territorialité intégrant la mobilité (Davoine et al. 2015).
Références bibliographiques indicatives
Adoue F., 2016, La mobilité connectée au quotidien. Les usages du smartphone dans les transports en commun franciliens, thèse du laboratoire Ville-Mobilité-transport, soutenue le 30 juin 2016, sous la direction d’Anne Aguilera.
Andrienko G., Andrienko N., Dykes J., Fabrikant S. I., Wachowicz M., 2008, “Geovisualization of dynamics, movement and change: key issues and developing approaches in visualization research”, Information Visualization, 7(3-4), pp. 173-180.
Davoine P.-A., Mathian H., Saint-Marc C., Blaise J.-Y., Kaddouri L., 2015, "The Visual Representations of Territorial Dynamics: Retrospective and Input from New Computing Environments", 27th International Cartographic Conference, August 23-28, 2015, Rio de Janeiro, Brazil.
Feildel B., 2014, « La mobilité révélée par GPS, traces et récits pour éclairer le sens des mobilités », Netcom, 28(1/2), pp. 55-76.
Frétigny J.B., 2013, Les mobilités à l’épreuve des aéroports : des espaces publics aux territorialités en réseau. Les cas de Paris Roissy-Charles de Gaule, Amsterdam Schipol, Francfort-sur-le-Main et Dubaï International, thèse de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Lajarge R., Fourny M.C. (dir.) (à paraître), Les sans mots de l’habitabilité et de la territorialité, Grenoble, éd. de l’UGA.
Lanéelle X., 2005, « Réseau social, réseau ferroviaire, mobilités et temporalités », in Montulet B. et al., Travaux et recherches 51, Facultés universitaires St-Louis, Bruxelles, pp.197-206
Zook M., Menno-Jan K., Rein A., 2015, "Geographies of Mobility: Applications of Location-Based Data", International Journal of Geographical Information Science, 29(11), 2 novembre 2015, pp. 1935‑40.
Types de communication attendus
Les communications pourront porter sur les outils, les méthodes d’observation et de mesure, ainsi que leurs conséquences dans les visualisations et les analyses : sources de données, outils de collecte et du GeoWeb (GPS et dispositifs mobiles, réseaux sociaux…), combinaison des méthodes (quanti/quali, données d’enquêtes/données du Web) et des démarches (objectivation/subjectivation), construction et usage d’une iconographie (carte, graphique, photo...).
Elles seront aussi théoriques et empiriques : figures et conceptualisations de nouveaux modes de représentation, nouveaux champs ouverts par la recherche, productions discursives des usagers ou des experts.
Une mise en débat des rapports entre méthodologies, outils et conceptualisations est bien sûr un objectif central de cette session, qu’il soit saisi par certaines communications ou émerge de la confrontation des approches.